Face aux variations régulières des arrivées, l’EVAM ajuste en continu ses capacités d’hébergement. Lorsque toutes les structures collectives sont saturées, des abris de protection civile (PCi) peuvent être activés à titre exceptionnel. En 2024, deux abris PCi ont été exploités à Clarens et Echallens. Ils sont exclusivement réservés à des hommes adultes seuls et en bonne santé.
Dans le Canton de Vaud, ces infrastructures, conçues à l’origine pour des situations d’urgence, sont temporairement adaptées pour répondre aux besoins d’accueil des personnes migrantes, notamment en période de forte affluence. Le séjour en abri PCi est limité à six mois.
Les abris PCi fonctionnent selon des horaires fixes, avec des dortoirs accessibles uniquement la nuit, complétés par des structures de jour attenantes ou à proximité. Ces espaces permettent aux bénéficiaires de se retrouver dans des lieux de convivialité, où sont servis certains repas, des espaces jeux avec une télévision sont à disposition. Ces espaces de partage sont souvent animés par une équipe de bénévoles.
L’encadrement est assuré 24h/24 par une équipe pluridisciplinaire composée notamment du·de la responsable de foyer, d’un·e assistant·e social·e, d’un·e intendant·e, d’un·e commis de cuisine et de personnel de surveillance. Un service de cuisine interne assure la distribution des trois repas quotidiens.
Ces abris, implantés dans des zones bien desservies, offrent un cadre sécurisé à proximité des commodités essentielles telles que les transports publics et les soins médicaux.
L’inactivité est un enjeu majeur dans ces conditions et, pour la plupart, dans ce contexte d’attente et d’incertitude administrative. Pour y répondre, les équipes proposent diverses activités, visant à favoriser le lien social et à renforcer l’estime de soi.
Les dispositifs proposés par l’EVAM, tels que les cours de français (accessibles à tous les bénéficiaires, à l’exception de ceux à l’aide d’urgence), ainsi que les programmes de formation pratique représentent de réelles opportunités d’engagement. En complément, l’équipe des abris met en place plusieurs initiatives afin de maintenir une dynamique personnelle et favoriser le lien social.
En 2024, de nombreuses sorties ont été régulièrement proposées, comme des visites à la bibliothèque ou au musée, des randonnées ou encore des barbecues. En parallèle, les équipes ont organisé plusieurs activités participatives : ateliers culturels, jardin potager, jeux collectifs, activités sportives, etc. Des événements festifs tels que Noël, l’Aïd ou Halloween ont également été célébrés, dans le but de renforcer la convivialité et de nourrir le sentiment d’appartenance à un collectif.
Ces moments permettent aux bénéficiaires de s’évader de leur quotidien et de retrouver une forme de normalité. Le personnel de surveillance a d’ailleurs constaté une amélioration sensible de l’ambiance générale à l’abri après ces activités.
Les bénévoles jouent également un rôle essentiel dans notre dispositif. Par leur écoute, leur disponibilité et leur engagement, ils apportent une présence précieuse qui permet de favoriser des dynamiques de groupe positives.
La promiscuité et les contraintes matérielles entraînent souvent, dès l’arrivée, une volonté marquée de quitter rapidement l’abri. Pourtant, certains résidents, après plusieurs mois, expriment le souhait d’y rester plus longtemps.
Ce contexte représente un défi constant pour les équipes, qui doivent faire preuve de sollicitude envers les nouveaux arrivants, tout en veillant à maintenir une équité dans l’accompagnement des personnes installées depuis plus longtemps. Trouver cet équilibre dans un lieu collectif nécessite une vigilance et une adaptabilité de tous les instants !
Comment se passe la vie en communauté avec les autres personnes hébergées ?
Pour moi les relations ici ne me posent pas de problèmes. Même s’il y a des conflits, ça se règle facilement, je n’ai jamais eu de problème avec quiconque.
Comment gérez-vous le manque d’espace personnel ?
Je trouve que nous sommes nombreux mais cela n’est pas votre faute. On vient nombreux dans ce pays et la Suisse fait comme elle peut pour nous accueillir. Chacun a ses problèmes et on doit les gérer nous-mêmes. On doit rester calme.
Le matin, j’ai besoin d’être actif. Quand tu dors le matin, tu dois te dire : j’ai besoin de faire des activités et de sortir de la routine.
Vous sentez-vous en sécurité ?
Oui. Ici ce n’est pas mal pour moi, je n’ai pas de problèmes. C’est ordonné et propre. La sécurité est gentille et facilite notre quotidien.
À quoi ressemble une journée type ?
Je me réveille, pour ma prière à 5h et parfois je dérange les autres dans notre dortoir ce qui m’oblige à ne pas prier souvent les matins. Les contraintes horaires ne constituent pas un obstacle pour moi car c’est bon pour la santé de se réveiller avant le soleil. Ensuite je viens dans le réfectoire, je m’y promène pour changer de décors. Cela me permet d’oublier la situation d’asile que je traverse.
J’aime bien les activités. Un lundi sur deux, nous allons manger à l’église avec des bénévoles et partageons un moment avec les locaux. Ça me plait de changer de décor pour oublier les problèmes et ma situation. Ça me plait de travailler ici (programme d’activité) car pour moi le matin il faut avoir quelque chose à faire, un objectif pour la journée.
Avez-vous accès à des services ?
J’ai une puce téléphonique mais je ne l’ai pas encore activé. Il y a le wifi qui fonctionne bien ici. Avec les médecins c’est très bien. Je reçois les médicaments dont j’ai besoin pour ma santé.
Je me sens beaucoup aidé ici. Il y a toujours une solution quand j’ai un problème.
Quand tu viens voir le personnel EVAM à l’abri, on t’écoute et on t’aide quand c’est possible.
Quels aspects de la vie dans un abri vous paraissent les plus difficiles ?
Les périodes de froid sont un peu plus compliquées sinon tout va bien.
Un conseil à donner aux autres bénéficiaires ?
Il faut rester calme dans ton coin. Je lui parlerai des règles en communauté ici, de respecter les gens même dans la rue et dans le dortoir, ne pas faire de bruit. Si tu veux quelque chose, il faut toujours demander la permission avant de le faire.